Le 17 juillet 2004, moi, Jan, j’ai eu une interview avec le reporter Bert Kranenbarg pour la société NCRV –Radio National des Pays-Bas au sujet de ma manière d’enseigner l’improvisation. Cliquer sur le lien pour écouter l’interview (en néerlandais): radioprogram in mp3 (2732 kB). Cette interview a aussi été traduite en français.
Bert: Après de nombreuses années de leçon d’orgue, j’ai arrêté. Je me suis dit: "Je ne deviendrais jamais un virtuose". Que pouvez-vous pour moi?
Jan: Vous-êtes le client parfait pour mon cours. J’ai beaucoup de gens qui
sont parfaitement capable de jouer à partir d’une partition mais si je leur
demande : ''Jouez-moi quelque chose'', ils me répondent aussitôt : ''oh non,
je n’ai pas mes lunettes''.
Je leurs apprend comment si prendre. Bien sûr, il y a certaines règles à suivre.
Tout comme la grammaire est nécessaire pour improviser une phrase (je compare
cela à la parole). Il faut apprendre les accords ; la modulation et les clés
principales. A partir de là, on doit pouvoir improviser un morceau de musique.
Bert: Un petit morceau de musique, d’accord, j’en suis capable, mais vous assurez qu’il est aussi possible d’exprimer sa personnalité au travers l’improvisation.
Jan: Certainement, c’est aussi le but ! Je définis l’improvisation comme ''tricher'' entre la lecture de la partition et la composition pure. Mais le plus intéressant est l’expression complète de la personnalité dans la musique. Généralement, cela demande plusieurs années. Dans le passé, j’ai donné des leçons privées, mais cela ne marchait pas, l’élève avait tendance à copier le professeur. Par ailleurs, en groupe cela a porté fruits. Chaque semaine, nous sommes une dizaine à nous retrouver autour d’un piano et y jouons 5 minutes à tour.
Bert: 5 minutes, c’est tout ce que j’ai et nous avons aussi le piano. Allons-y. Jouez-moi quelque chose!
Jan: Il y a quelques règles… Premièrement : « simplifier » Il est primordial d’assurer un équilibre entre les différents aspects musicaux. Ce qui revient à dire, la restriction du nombre d’accords…
Bert: Vos mains se posent sur les notes, écoutons cela.
Jan: on commence par exemple avec 3 accords C, F et G (on entend alors la tonalité des accords) et déjà, on peut faire de jolis petit airs. Le challenge maintenant est d’effectuer des mélodies de la main droite. Sur un seul ton bien sûr. E est une bonne note de départ (on entend la note) et puis…
Bert: Oui, et puis…
Jan: Un truc que j’ai appris : on peut répéter la même note (on entend à nouveau la note E) ce qui a pour avantage de donner de la structure à la musique. Mais après…
Bert: Je continuerais avec G maintenant (on entend G).
Bert: C’est bien n’est-ce pas (le son de quelques notes)
Bert: Donc en fait, je viens de composer ?
Jan: Oui, il faut s’y prendre de cette manière ; c’est le commencement. Cela viendra assez vite… Il faudra être plus rapide mais c’est une question de routine (le son d’une jolie petite mélodie). On invente.
Bert: Vous venez de l’inventer, sérieusement? Vous ne l’aviez jamais joué auparavant?
Jan: Non, bien sûre, je l’ai joué spontanément. Cela demande la connaissance de certaines notes. Par exemple, la note E plat donne un effet Jazz (le son d’une note Jazz). Et vous avez du Jazz ! Si vous voulez ajouter un effet dramatique, il faut prendre la note A plate (à savoir, dans la clé de sol). L’effet est direct. (le son du A plat)
Bert: Ainsi, l’expression de la personnalité?
Jan: Oui, la personnalité peut s’exprimer de cette manière mais il faut savoir ces choses là. Ce qui est la raison de mon cours.
Jan: Je vais vous donner l’accords (C,F et G) et vous jouez la musique dans cette partie là.
Bert: Ok, (le son de la musique); Jan joue les accords, Bert joue une mélodie sur les accords de Jan.
Jan: Oui! Très bien!
Bert: C’est toujours le même dilemme: quelle note choisir!
Jan: Après vient la chose suivante: durant l’improvisation il faut être convaincant; comme lorsque l’on raconte une histoire à un enfant; En modulant de la voie [et d’un timbre profond et doux] "Il était une foi une terrible sorcière…''. On peut faire ressentir cela de la même manière avec les notes. Il a un gros travail de contrastes et de timing…
Jan: Il faut être subtil, trouver le juste équilibre entre l’imprévu et la surprise. Pour l’imprévu, utiliser les clichés, pour la surprise, c’est une question de créativité. C’est un challenge intéressant. Il s’avère que mes élèves sont très satisfaits. Cette méthode offre une grande liberté; les critiques ne sont pas permises car elles opèrent à l’encontre de la singularité. Un de mes élèves est incapable de garder la mesure et lorsque l’élève suivant joue en mesure, on se rend compte alors comme c’est monotone de garder la mesure. 1, 2, 3 – 1, 2, 3 – etc. durant 32 mesures!
Bert: Oh, bonne excuse et vous dites à votre professeur de piano: ''Comme c’est ennuyeux de garder la mesure, improvisons!"
Jan: Parfaitement, cela soulage mes élèves, ils adorent cela. Ce qui a pour résultat la création de choses débordantes d’originalités.
Bert: Dans mon esprit, j’ai franchi le seuil. J’ose continue sur cette voie. Je vais développer cela la semaine prochaine.
Jan: …
Bert: Hélas, ma leçon s’arrête ici. Cependant, la bonne nouvelle c’est que n’importe qui peut apprendre cela sur internet. Comment est-ce possible alors que vous n’êtes pas assis l’un près de l’autre, derrière un piano à queue comme maintenant ou un piano droit.
Jan: On me fait souvent le compliment suivants: ''Ce qui n’était pas clair durant toutes ces années l’est finalement et en une heure de temps!" Internet a cette puissance de possibilité d’ajouter des exemples musicaux aux textes. Mais l’effet de variation, du doux au fort ne transparaît pas bien via l’ordinateur. Celui-ci ne se prête pas bien aux sons de piano.
Bert: Achevons notre improvisation! A vous les accords, à moi la mélodie (son de la musique: Jan aux accords, Bert pour la mélodie).
Traduction: Saskya Barek.
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